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géobiologie 1

GEOBIOLOGIE : LES VEGETAUX SUR LE GLOBE 

1. AIRES DE REPARTITION ET REGIONS FLORISTIQUES

1.1 Les aires de répartition

a) Définitions

Les formes végétales ( espèces, genres, familles, types biologiques ) ne sont pas réparties au hasard sur le globe, mais chacune est localisée sur un territoire que l'on nomme aire de répartition et dont la situation et les limites dépendent de sa biologie actuelle et de causes antérieures. A divers climats correspondent des flores différentes , comme à divers types de sols  sous un même climat ; on observe des changements qualitatifs mais également quantitatifs , la richesse des flores décroissant graduellement des régions intertropicales vers les hautes latitudes.

L'étude des aires de répartition constitue la chorologie : elle concerne aussi bien l'aire des espèces que celle des genres ou familles.

Voyons l'exemple de l'aire de répartition de l'Olivier. 

Scan 44b) Un exemple : l'aire de l'Olivier

Une aire de répartition peut être continue, ce qui est parfois l'indice qu'elle est en progression, ou disjointe. La disjonction peut-être due à la discontinuité du milieu dans lequel vit l'espèce. Un exemple est celui des espèces dites artico-alpines, vivant sous climat froid et dont l'aire comprend, d'une part, les régions artiques et subartiques, d'autre part les hautes montagnes situées dans des régions tempérées. La disjonction indique souvent que la plante est en régression et que son aire actuelle est ce qui reste d'une aire autrefois plus étendue. 

c) Grandeur relative des aires

L'étendue des aires est extrêmement variable : d'un continent entier jusqu'à une seule localité. 

On appelle cosmopolites les êtres vivants qui ont une répartition très large du point de vue géographique , c'est à dire ceux dont l'aire occupe une très grande surface , et ubiquistes ceux qui sont capables de coloniser des milieux très différents. Il ne faut pas confondre ces deux notions : la première est d'ordre géographique, la seconde d'ordre écologique.  

D'une manière symétrique, on appelle localité d'une plante un lieu, au sens géographique  du terme, où on la rencontre, et station, le type de milieu écologique dans lequel elle se trouve. Ainsi dans l'indication  " Forêt de Fontainebleau, étangs", " forêt de Fontaine bleau " désigne la localité et "étangs" la station.

Les espèces cosmopolites sont relativement peu nombreuses. Aucune, bien entendu, ne recouvre la totalité du globe ; en réalité il n'existe que des " subcosmopolites". Une vingtaine seulement parmi 300.000 espèces vasculaires ont une aire qui s'étend sur plus de la moitié des terres émergées, une centaine seulement sur plus du tiers.

On peut citer le Fougère-aigle ou le Roseau. Beaucoup de végétaux des eaux continentales ont aussi une répartition beaucoup plus vaste que celle des plantes d'habitat terrestre, ce qui est dû, pour une grande part , à la relative homogénéité de l'habitat aquatique en des régions très différentes. 

Le Genre Abies, dont la répartition sera schématisée dans cette catégorie " sylviculture" offre une gamme variée d'exemples , depuis des espèces dont l'étendue recouvre toute la largeur du continent nord-américain ou de la Sibérie , jusqu'aux Sapins méditerranéens dont l'aire peut être si limitée que pour une espèce de Sicile Abies nebrodensis  , on connaît le nombre de pieds qui subsistent encore.

De telles espèces à aire localisée sont dites endémiques d'un territoire donné. Ici, encore, il existe tous les degrés. On peut dire que le Hêtre, Fagus sylvatica, qui existe dans presque toute l'Europe occidentale et centrale , et seulement là , est une endémique européenne, comme une autre espèce , Fagus crenata est endémique du Japon. Il y a des Saxifrages ou des Androsacées endémiques de la chaîne alpine dans son ensemble , d'autres d'un seul massif, d'autres encore d'une vallée; des endémiques de tout un archipel, ou d'un îlot seulement.  Le taux d'endémisme est particulièrement élevé dans les montagnes et dans les îles , où des populations végétales ont trouvé refuge ou ont évolué dans l'isolement. Il représente plus de 50 % dans la flore vasculaire de Madagascar, plus de 90 % dans les archipels du Pacifique. Il peut être récent ( néoendémisme ) et concerne alors souvent des sous-espèces ou des variétés, ou bien ancien ( paléoendémisme) et porter alors sur des genres ou même des familles.   

d) Origine des aires

Les caractères d'une aire de répartition, grande ou réduite, continue ou non, endémique ou non, dépendent à la fois de causes actuelles et passées.

Les causes actuelles tiennent à l'écologie de l'espèce : climat, sol. Ainsi l'Olivier est limité dans la partie nord par le froid des massifs montagneux proches de la côte, et dans la partie sud de son aire par le froid, encore au Maghreb, à cause de la barrière de l'Atlas, mais par la sécheresse en Egypte, en Lybie et dans la région syro-palestinienne.

Les causes passées tiennent généralement à des changements de climat. Le cas le plus important est l'effet des glaciations quaternaires. Les espèces de climat tempéré de l'Europe moyenne ont été refoulées vers le sud , dans le bassin méditerranéen ou dans des régions privilégiées dites territoires refuge , et remplacées par des espèces nordiques . Lors du réchauffement, celles-ci ont été chassées à leur tour par la remontée des espèces tempérées et ont migré vers l'Europe du Nord ou se sont réfugiées en altitudes dans les montagnes, d'où la formation des aires disjointes artico-alpines. La question est en réalité compliquée par la succession de plusieurs glaciations et donc de plusieurs phases de migration , et aussi par le fait que les populations septentrionales d'un côté, alpines de l'autre , ont évolué et donné souvent deux espèces un peu différentes ( dites alors vicariantes ) par un mécanisme analogue à la formation des endémiques. 

f) L'aire possible

L'Homme a joué aussi, et joue encore, un rôle majeur dans la formation des aires.

Ainsi, l'Olivier occupait, à l'origine, à l'état sauvage, une aire naturelle dans le bassin méditerranéen oriental  ; cultivé et amélioré, il a été planté partout où il pouvait réussir dans l'ensemble du bassin, recouvrant ainsi l'ère actuelle que nous lui connaissons; puis il a été propagé ailleurs dans le monde et occupe actuellement une aire possible infiniment plus vaste , dans des pays où le climat est analogue au climat méditerranéen.

Nombreuses sont les plantes dont l'aire possible est ainsi beaucoup plus étendue que l'aire réelle. Dans le cas des espèces cultivées, l'Homme cherche présisément à faire coïncider l'aire réelle de l'espèce avec son aire possible , alors qu'à l'origine elle n'occupait, le plus souvent, qu'une toute petite partie de cette aire possible.

Rappelons l'ampleur prise par l'introduction de végétaux exotiques en Europe au point de modifier parfois totalement le paysage végétal comme sur la côte d'azur . L'extension due à l'action de l'Homme n'est pas forcément limitée aux végétaux cultivés et nombre d'espèces sauvages ont été propagées involontairement : elles sont transportées au cours des migrations humaines et on les retrouve par exemple le long des canaux ou des voies ferrées ; les transports de troupes des deux guerres mondiales ont joué un grand rôle dans cette extension. Certains végétaux sont liés entre eux dans leur extension, par exemple les messicoles ou mauvaises herbes des moissons , qui accompagnent les céréales et dont les graines sont disséminées avec celles des plantes cultivées dont elles sont commensales. 

Lorsqu'une espèce est introduite dans un pays éloigné de son aire primitive, ses chances d'implantation dépendent à la fois de la vigueur de ses moyens de dissémination et de la différences des conditions climatiques qui séparent les deux pays. Si les climats sont assez semblables , l'espèce introduite peut se maintenir d'une manière définitive , se reproduire parfaitement et étendre ainsi son aire dans le nouveau pays où elle a pénétré et où elle fera à la longue figure de plante spontanée: on dit qu'elle est naturalisée. La naturalisation est facile lorsque les graines sont susceptibles de se former correctement et de germer sous le nouveau climat, mais ce n'est pas absolument indispensable et nombre de plantes naturalisées , qui fructifient mal ou pas du tout dans nos pays , peuvent s'y répandre par multiplication végétative, comme divers Oxalis originaires du Cap qui se multiplient par bulbilles et sont très envahissants dans la région méditerranéenne , ou l'Elodée du Canada maintenant naturalisée dans toutes les eaux européennes.

Si l'écart climatique est plus accusé, l'installation est alors précaire et la plante est seulement adventice : favorisée par exemple  durant une période de plusieurs belles années consécutives, elle est brusquement éliminée par un hiver plus rigoureux , puis réapparaît à la faveur d'un apport de semences qui peut d'ailleurs provenir d'une région plus favorisée du pays d'implantation  ( plantes dites subspontanées).  Enfin lorsque l'écart climatique est trop grand pour permettre l'installation naturelle de l'espèce, l'Homme peut la favoriser en offrant à la plante un abri ou des conditions particulières telles que celles d'une serre ou d'un mur protecteur : la plante est alors dite acclimatée, comme le sont les Bananiers ou les Palmiers que l'on cultive en pleine terre dans le midi de la France , mais qui ne s'y reproduisent pas. 

1.2 Notion de territoire floristique  

Tandis que la composition de la flore d'une région donnée peut être presque constante , semblable à elle même sur un vaste espace ( par exemple dans une série de plaines situées sous une même latitude ), elle change brutalement en d'autres points , donnat l'impression que l'on franchit là une limite entre deux flores différentes. 

L'apparition assez brusque du paysage méditerranéen lorsqu'on descend la vallée du Rhône est souvent citée en exemple : la végétation des environs de Lyon est encore peu différente de celle du bassin parisien, et seul un observateur attentif perçoit aux environs de Valence , les premiers indices d'iun changement ; mais très vite, au sud de montélimar , au niveau de Donzère , la modification devient très apparente , bien mise en évidence par l'apparition de l'Olivier , entre autres. 

On donne le nom de cortège floristique à l'ensemble des espèces qui caractérisent un territoire donné. Ainsi , on parle de cortège méditerranéen pour désigner les espèces dont les aires coïncident approximativement  ( fig 2 ) et définissent bien par cette coïncidence même, la région botanique méditerranéenne . Certaines d'entre elles ont une distribution du même type mais qui se limite au bassin méditerranéen occidental: on parlera de cortège ouest-méditerranéen , et réciproquement pour les plantes est-méditerranéennes.

Scan0004 9fig 2

La corrélation entre les aires des espèces qui constituent un même cortège floristique est due à des raisons soit écologiques, soit paléogéographiques. Ainsi, les espèces circumméditerranéennes se trouvent réunies parce qu'elles présentent une adaptation commune à un même climat  ( raison écologique ) mais aussi parce qu'elles sont issues d'un fond floristique qui existe depuis longtemps dans cette région ( raison paléobiogéographique).  

Il peut être nécessaire et important de distinguer ces deux aspectsde la question , au besoin par deux termes différents : ainsi Gaussen a proposé d'appeler cortège ou élément méditerranéen l'ensemble des espèces qui sont adaptées au climat méditerranéen et ne peuvent guère dépasser les limites de ce climat, et, en revanche, cortège ou élément mésogéen l'ensemble des espèces de souche géographique méditerranéenne mais dont certaines ont acquis une aire plus vaste et susceptibles de s'adapter aux conditions subméditerranéennes ou même centre-européennes. 

La notion de territoire floristique n'est pas liée à une échelle déterminée. Suivant le problème étudié ou le point de vue, on peut considérer des divisions à l'échelle d'un continent ou d'une région réduite. Dans ce qui suit on ne peut évidemment que se limiter aux divisions majeures. 

1.3 Les grandes divisions floristiques du globe 

En raison de l'importance de la température dans la répartition des êtres vivants, il n'est pas surprenent que la flore du monde puisse être divisée en trois grands ensembles correspondant respectivement

a) aux régions tempérées froides de l'hémisphère Nord ;

b) aux pays intertropicaux;

c) aux régions tempérées et froides de l'hémisphère Sud . 

Mais par l'importance des masses continentales de l'hémisphère nord et notamment de la continuité du bloc Euro-asiatique , contrastant avec l'éloignement considérable et l'origine ancienne des continents de l'hémisphère sud , il n'y a pas symétrie dans les divisions floristiques , la flore de l'hémisphère Nord étant de beaucoup plus homogène. 

On reconnaît très généralement dans la flore du globe de grands territoires de premier ordre , nommés empires floraux ; l'expression de zones floristiques serait peut-être préférable parce qu'elle traduisait mieux que ces divisions rappellent les grandes zones thermiques que reconnaissent les géographes sur le globe. Em simplifiant à l'extrême , ces empires ou zones floristiques sont au nombre de six ( fig 3) ( nous ne parlons ici que des flores terrestres, laissant de côté les flores marines. 

1) Toute la partie située au nord d'une ligne dont la position varie quelque peu suivant la géographie  et l'emplacement des chaînes de montagnes , mais qui correspond sensiblement au Tropique du Cancer , forme une seule zone très vaste couvrant plus du tiers des terres émergées , que l'on désigne sous le nom d'"empire floral holarctique" ou du terme latin Holarctis ;

2) Dans les pays chauds, la diversification est plus grande et il faut distinguer au moins deux empires, l'un correspondant aux pays tropicaux et équatoriaux de l'Ancien monde et que l'on appelle "empire paléotropical"  ou Paléotropis, l'autre correspond aux pays homologues de l'Amérique et que l'on appelle empire néotropical ou Néotropis .

La Paléotropis est elle même assez hétérogène et beaucoup d'auteurs pensent qu'il faut y distinguer 5 subdivisions  : une africaine, une malgache, une asiatique correspondant à l'Asie des moussons ( Indes, Chine du sud, Péninsule indochinoise ), une malaise ( Indonésie et philippines ) et une Pacifique.  ; toutefois, l'accord sur le nombre et la délimitation de ces subdivisions n'est pas encore fait ;   

3) Dans l'hémisphère sud, les auteurs s'accordent pour distinguer trois parties : un " empire antarctique  ( Antarctis)  groupant les terres et îles antarctiques au sens géographique  et en outre l'extrémité méridionale de l'Amérique du Sud , ainsi que le sud de la Nouvelle-zélande.  ; un "empire australien" ou Australis comprenant l'Australie et la Tasmanie  ; en fin un territoire de faible étendur ne comprenant que la pointe méridionale de l'Afrique dans la région du Cap, c'est "l'empire du Cap" ou Capensis. En dépit de sa faible étendue, cette dernière partie porte une flore très riche et surtout très originale , avec un taux d'endémisme exceptionnellement élevé.  

 

Scan 46Fig 3

Beaucoup de familles végétales ont une aire cosmopolite et sont de ce fait communes à l'ensemble des six empires floristiques ou à plusieurs d'entre-eux. Mais chaque empire possède en propre des familles ou des grands genres ; on a vu plus haut l'exemple d'une famille tropicale, celle des Palmiers . Ainsi, les Renonculacées, Bétulacées, Salicacées sont endémiques de l'Holactis, Les Broméliacées et Tropéolacées de la Néotropis et ne sont pas représentées dans la Paléotropis ; dans cette dernière, Madagascar possède 6 familles endémiques  ( ce qui joint à son taux considérable d'endémisme génétique et spécifique , pourrait justifier sa séparation sous forme d'un empire distinct) ; l'Australis est caractérisé par l'important genre Eucalyptus  comprenant 600 espèces , et 1500 seulement des 10.000 espèces que compte , au total , la flore australienne se retrouvent dans d'autres empires; enfin, l'antarctis possède en propre le genre de Cupulifères  Nothofagus, ressemblant à notre Hêtre ; la Capensis possède une foule de genres endémiques ( fig 4).  

Scan0003 10

fig 4

Les divisions floristiques de premier ordre , dites " empires floraux" sont à leur tour divisées en région. Seules les régions habituellement distinguées dans l'Holarctis seront données ici ( fig 5).

Une division plus détaillée de l'Europe est représentée plus loin.  

1.4 Richesse floristique ( Biodiversité )

Les territoires floristiques que distingue le botaniste ou simplement les différents pays que permet de distinguer la géographie physique renferme des flores dont la richesse est très variable , à la fois en quantité ( nombre d'espèces ) et en qualité ( originalité, taux d'endémisme ). 

Nous retiendrons plus spécialement dans ce qui suit l'aspect quantitatif et nous appellerons richesse floristique ou biodiversité d'un territoire le nombre total d'espèces spontanées ( ici, limité aux espèces de végétaux vasculaires ) qu'il renferme

Les statistiques floristiques n'ont évidemment de sens que sous certaines conditions ; il faut :

- prendre une définition homogène de l'espèce et considérer l'espèce linéenne au sens où l'entendent les grandes flores d'autorité internationale  et les flores classiques des différents pays, et non pas les subdivisions ou " petites espèces " morphologiques, géographiques ou écologique ;

- ne prendre en compte que la flore spontanée, à l'exclusion des espèces introduites, parfois assez nombreuses pour faussercomplètement les comparaisons.

La richesse floristique est en général  d'autant plus élevée que la surface du territopire est plus grande , mais il n'y a pas de relation simple entre ces deux grandeurs ; des espaces immenses comme les déserts portent une flore très pauvre et inversément des îles ou des massifs montagneux peuvent avoir une flore très riche . 

Si l'on compare des territoires analogues, le nombre d'espèces croît moins vite que la superficie considérée. De nombreuses expressions mathématiques ont été proposées ; elles donnent des résultats sensiblement équivalents, compte tenu du degré de précision des statistiques biologiques. Une rerlation semi-logarithmique de la forme N = K.log S ( N = nombre d'espèces ; S = surface ) est la plus simple de celles auxquelles on peut penser lorsqu'une fonction croît proportionnellement moins vite que la variable ; mais elle n'est pas la seule interprétation possible et on a souvent utilisé, dans le cas présent, une formule du type N = K.Sa dans laquelle l'exposant a   varie suivant la richesse relative des flores et en particulier suivant les types de climats. Dans nos pays, a est souvent voisin de 0,25 : c'est à dire que le nombre d'espèces de plantes vasculaires varie alors comme la racine quatrième de la surface.

Au lieu d'évaluer cet exposant, il est plus simple de prendre une superficie de référence, par exemple le nombre d'espèces sur une surface fixée à 10.000 km2 et que l'on appelle richesse aréale .

Scan 47fig 5

Ce nombre est souvent évalué indirectement . Cette richesse aréale relative à 10.000 km2 ( c'est à dire à un espace équivalent à un carré de 100 km de côté ) est "en moyenne " d'autant plus élevée que que le pays est plus chaud ( fig 6)  ; elle est de l'ordre de 100 pour les régions arctiques, de 1000 pour les plaines européennes , de 1500 pour les plaines méditerranéennes , de 2000 à 4000 dans la zone intertropicale ; cette richesse paraît sensiblement doubler lorsque la température moyenne annuelle augmente de 7°C à 8 °C . Bien entendu, cette relation n'est qu'approchée ; les déserts, les chaînes de montagnes, les centres d'endémisme , l'histoire des flores passées, introduisent de nombreuses variations. 

Scan0010 5fig 6

2. LES GRANDS TYPES DE VEGETATION DU GLOBE.

2.1 Rappel de biocénotique

a) Définitions 

A l'intérieur d'un même territoire biogéographique , la répartition des espèces n'est pas indépendante ; elles se groupent en constituant des communautés qui réunissent, en de même stations, les espèces présentant des affinités pour un même milieu . L'ensemble des arbres d'une forêt, des arbustes et des végétaux herbacés de son sous-bois, des organismes qui vivent dans son sol et des animaux qu'abritent la forêt, constitue une communauté . Les communautés sont aussi appelées biocénoses, souvent pour des raisons pratiques, on ne considère que les constituants végétaux ( ou même que les euls végétaux vasculaires ) et on appelle phytocénose cette communauté , ainsi simplifiée en vue d'une étude plus facilement abordable. 

L'étude des communautés végétales constitue la Biocénotique.

Tout comme une espèce , une communauté ou biocénose est en équilibre avec un ensemble de conditions du milieu , c'est à dire avec un biotope . On appelle écosystème l'ensemble de la communauté, de son biotope et des relations qui existent entre eux ( fig 7 ).  

Une partie des écosystèmes sont encore naturels, mais dans les pays où l'occupation humaine est dense et ancienne , la plupart d'entre eux sont fortement transformés ( forêts aménagées, espaces cultivés) et sont devenus des écosystèmes anthropisés à des degrés divers. Il en est ainsi de toute l'Europe ( à l'exception d'une partie des montagnes et des régions plus nordiques ).

fig 7

Scan0003 11    

b) Evolution des écosystèmes 

Les écosystèmes ne sont pas indéfiniment stables. Ils peuvent se modifier spontanément, par une lente évolution endogène. A moins qu'une cause particulière  ( sol rocheux, ou en érosion permanente, vent surpâturage, action de l'homme ) ne contrarie cette évolution , on voit  des groupements végétaux différents se succéder en un même point : cette transformation est appelée dynamique ( ou dynamisme ) de la végétation. L'embroussaillement d'un terrain vague ou d'une culture abandonnée en est un exemple. 

L'évolution va généralement dans le sens d'un accroissement de la masse de matière vivante ( biomasse ) par unité de surface, de la diversité culturale et de la complexité de fonctionnement de l'écosystème . Au bout d'un certain temps de l'ordre d'un siècle dans les cas favorables , et pourvu que les conditions du milieu s'y prêtent, la végétation atteint ordinairement un état boisé dont la composition botanique dépend des facteurs écologiques au lieu considéré : il correspond au début d'une mise en équilibre pendant laquelle la forêt "mûrit" lentement pour atteindre un état final, dépendant naturellement , lui aussi, des facteurs écologiques du lieu, et qui est appelé "climax".

L'action de l'Homme, y compris celle des animaux domestiques ou des engins mécaniques, a le plus souvent pour effet de contrarier cette évolution ( débroussaillement, arrachage des mauvaises herbes, pâturage) ou même provoquer un retour de la végétation à un stade antérieur ( coupes forestières ), l'engageant alors dans une évolution régressive ou dégradation dont le terme ultime peut être le sol nu , voire le sol érodé. Cet impact humain ne se limite d'ailleurs pas à une destruction de la végétation naturelle ; il comporte aussi la transformation de celle-ci ( forêts aménagées ) et l'introduction d'une végétation substituée ( culture, arbres d'ornement) souvent d'origine exotique . La végétation actuelle  est donc en grande partie artificielle  

c) Les différentes échelles

Une propriété importante de ces notions de biocénose, d'écosystème, de climat , de climax, est qu'elles ne sont pas liées à une dimension déterminée, mais restent valables à différentes échelles de perception.

a l'échelle locale , les biocénoses et les écosystèmes sont appelés groupements végétaux , ou associations végétales, et ont fait l'objet de méthodes précises d'analyse et de classement . Une forêt donnée est un groupement précis, mais on peut appeler plus généralement groupement  des ensembles homogènes , par exemple l'ensemble des hêtraies sur sols acides d'une même région. 

A une échelle plus vaste, on appelle formation un ensemble de groupements végétaux apparentés occupant un vaste territoire :  ainsi les landes de la région atlantique , le maquis méditerranéen. En généralisant d'avantage, on peut définir des formations à l'échelle continentale : la forêt amazonienne, la savane sahélienne. De telles superformations sont appelées biomes. Finalement , on peut être conduit à considérer l'ensemble végétal correspondant à une grande zone climatique du globe, et qui est alors appelé végétation zonale ou zonobiome. Ce sont ces divisions majeures qui sont exposées ci-après.  

d) Les sols  

Mais chaque type de groupement a aussi son sol déterminé . L'étude des propriétés et de la formation des sols constitue la pédologie. 

Les sols sont pour une part le résultat de l'altération des roches, mais pour une autre part, non négligeable , celui des apports de la végétation. A un climax donné correspond un type de sol précis , formé à l'issue d'une lente maturation séculaire :ainsi les podzols sous la forêt boréale, les sols noirs dits tchernozems dans les steppes, et aussi des sols différents dans les divers types de dunes. On est amené de la sorte à distinguer des sols zonaux .

2.2 Les grandes formations végétales du globe : les facteurs pédoclimatiques dominants  

La répartition des biomes ( telss que forêts équatoriales, déserts, forêt boréale de Conifères, toundra, etc...) dépend de deux facteurs principaux , la température et les précipitations , et plus précisément :

- de la gradation de température de l'Equateur vers les pôles, qui détermine de grande zones latitidinales  ( de là vient l'expression de végétation zonale ) : tropicale; subtropicale; tempérée chaude, moyenne, froide; subarctique et arctique. Ainsi se succèdent à travers les pays chauds et tempérés des zones forestières qui sont la matérialisation la plus évidente de ces divisions ;

- le gradient des précipitations , qui sont décroissantes des régions maritimes vers l'intérieur des grandes masses continentales, et l'existence des alizés qui contribuent à dessécher une partie des régions tropicales ; ces causes provoquent le remplacement progressif de la forêt par la prairie, la savane, la steppe et le désert.

A un moindre degré interviennent d'autres facteurs :

- les découpage des côtes et le relief qui modifient dans le détail les facteurs climatiques et donnent naissance à une multitude de climats régionaux et, par suite, de types de végétation ( pensons par exemple à la différence entre les côtes " auvent" et " sous le vent" dans les îles tropicales ;  

-  l'existence de hautes montagnes qui donne lieubà la différenciation d'étages de végétation rappelant la zonation en latitude.

Enfin, il faut y ajouter l'action humaine, qui a détruit la végétation naturelle sur des territoires immenses, voire sur des portions étendues de continents pour la remplacer notamment par des cultures.

2.3 La zonation en latitude et les grands ensembles forestiers ( fig 8 et 9).

a) l'hémisphère nord 

Cette disposition s'apparente évidemment dans ses grandes lignes, à celles des grandes régions floristiques représentées dans la figure 3. Dans l'hémisphère nord, on peut distinguer les zones suivantes.

Scan0002 19 fig 8

- La zone équatoriale

La zone équatoriale s'étend environ jusqu'à 10 ° nord. La moyenne annuelle de température est de l'ordre de 24°C à 28 °C, les amplitudes saisonnières sont inférieures aux amplitudes diurnes , de sorte que les saisons thermiques sont pratiquement inexistantes. Les précipitations sont ordinairement élevées toute l'année ( pas de saison sèche ), les parties arides sont peu étendues. Le climax est une forêt pluviale ou " rain forest " qui couvre des surfaces importantes en trois régions : l'Amérique centrale et le bassin amazonien ; l'Afrique équatoriale; l'Asie du sud est.

- La zone tropicale

La zone tropicale s'étend entre les latitudes 10 et 30° environ ( rappelons que le tropique est situé 23°27'. La température n'est guère plus basse que dans la zone  précédente , et même parfois plus élevée : l'équateur thermique qui correspond à une moyenne annuelle de 30° environ traverse le sahara sensiblement sous le tropique . Les amplitudes diurnes restent plus fortes que les différences saisonnières . Les précipitations sont très inégales d'une région à l'autre et laissent place à une saison sêche assez marquée qui coïncide avec la saison la moins chaude . Le climax est représenté par des forêts "tropophiles", à feuilles caduques pendant la saison sèche , dont les forêts des climats de mousson sont un cas particulier . Les zones arides occupent des surfaces très importantes.

 Scan0005 12fig 9

- La zone de transition  

Une zone de transition est comprise approximativement entre les latitudes 30 et 40°nord. La température moyenne annuelle se situe entre 16 et 22 °C; l'hiver est marqué, mais tiède; les précipitations sont très variables et conduisent à distinguer : 

-une partie bien arrosée, de climat subtropiucalproprement dit, dont les climax est formé par les forêts" laurifoliées " à grandes feuilles coriaces persistantes : Californie, Floride, rive sud de la Caspienne, certaines régions de Chine

- une partie plus sèche, présentant en particulier un creux des précipitationspendant l'été : c'est la zone méditerranéenne, à forêt "sclérophylle"  d'arbres à feuilles dures , persistantes et souvent épineuses;

- des zones franchement arides.  

- La zone tempérée moyenne ( dite némorale )

La zone tempérée ( non compris la partie méditerranéenne ) est située entre les latitudes 42 et 55 ° environ. La température moyenne  est comprise entre 7 et 16 °Cenviron, avec un hiver relativement froid et les précipitations ordinairement comprises entre 500 et 1200 mm par an, exception faite des partie plus océanique et des hautes montagnes. Le climax est un ensemble de nombreux types de forêts de feuillus  ( parfois avec une certaine proportion de résineux) et cette zone est douvent dirte némorale . De grands espaces cultivés proviennent de son défrichement ( Europe, Amérique, Extrême-Orient tempéré). 

- La zone tempérée froide ( dite boréale ).

La zone tempérée froide, dite boréale : elle va de 55 à 65 ° de latitude environ, la température moyenne est comprise entre 0 et 6°C, avec un hiver rigoureux et une période végétative relativement courte. Les précipitations sont modérées dans leur total mais régulière dans leur répartition. Le climax est une grande forêt de résineux pauvres en espèces, mais continue et souvent dense, laissant peu de place aux cultures. C'est la taïga de Sibérie, la forêt hudsonienne du Canada. 

- La zone subarctique est artique 

La zone subarctique et artique au-delà du 65ème parallèle ( rappelons que le cercle arctique se situe environ à 67°) . La moyenne annuelle de température est inférieure à 0°C, les précipitations sont peu abondantes, mais en raison du froid, il n'y a pas de période aride . En l'absence de forêts et de cultures, la végétation est une formation herbacée ( arbustive dans sa partie sud ), plus ou moins marécageuse dite "toundra".

b) L'hémisphère sud

Dans l'hémisphère sud , les zones équatériales et tropicales sont sensiblement symétriques des zones de l'hémisphère nord par rapport à l'équateur  et ont les mêmes caractères climatiques et botaniques. Les autres zones sont assez différentes ; d'abord à latitude égale , les températures sont plus basse dans l'hémisphère sud  et , par conséquent, les limites de zones homologues se trouvent à des latitudes plus faibles ( c'est à dire plus près de l'équateur) que dans l'hémisphère nord. 

Ensuite, les masses continentales sont beaucoup moins importantes que celles de l'hémisphère nord, elles dépassent rarement la latitude 40°, et encore par une partie effilée. De ce fait, les zones subtropicales et tempérées sont réduites en surface , l'équivalent des zones boréales et subarctiques n'existe pratiquement et les zone antarctique, qui est dans le continent du même nom, n'est presque exclusivement occupée que par des terres englacées. 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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