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Caractéristiques générales de la religion

    - ancienne : une des religions les plus anciennes de l’humanité, ses  prémisses datent sans doute de l’époque du néolithique (5000 ans av JC).

    - sur une longue durée : pendant près de quatre millénaires, les  Egyptiens ont adoré les mêmes dieux, accompli les mêmes rites.

    - avec des évolutions : sur une aussi longue période, il est évident  que les croyances religieuses ont changé, évolué.

    - mal connue : il nous est bien difficile de rendre compte pas à pas des transformations de la religion au cours des siècles car les textes théologiques laissés par les Egyptiens sont quasiment inexistants.

    - un aspect local très marqué : chacun des quarante-deux sepet (appelés nomes par les Grecs), chaque ville, chaque village possède ses propres dieux. Certes,     deux nomes (provinces) distincts pouvaient adorer le même dieu, mais dans chacun des deux il avait un nom et un aspect différents.

    - polythéiste profond ou polythéiste avec un caractère monothéiste? : religion polythéiste profonde
    car il y a des milliers de dieux et de génies! (conséquence du point précédent).

 Mais certains ont pu parler de monothéisme car si les dieux sont d’aspect et de nom différents, ils ont les mêmes caractères                  divins. De plus, quand les Egyptiens s’adressent à Osiris, à Amon  ou à un autre dieu, ils lui disent "tu es l’unique" et quand ils parlent en 
 terme général de "dieu", ils emploient le mot "neter" (au pluriel : "neterou").  Il est bien difficile de savoir dans ce cas si ce mot correspond à l’idée abstraite de Dieu ou s’il s’agit d’un dieu local précis (les deux 
 traductions sont en général possibles). Dans cette conception, l’unité du divin s’exprimerait à travers des formes multiples et changeantes, les dieux exprimeraient les diverses facettes d’un créateur unique. Il y aurait donc polythéisme pour la 
 forme et un certain monothéisme pour le fond.

    Mais d’autres rétorquent que cette attitude de considérer son dieu comme unique ne découle pas d’un dogme mais révèle seulement la ferveur d’un croyant pour le dieu, souvent local, qu’il a choisi de vénérer et qu’il place à la tête de toutes les autres divinités. Chaque dieu est unique pour son fidèle, il ne s’agit pas d’un monothéisme, mais de donner à un dieu une place éminente dans sa croyance.

    Quant au monothéisme imposé par le pharaon Aménophis IV avec le dieu Aton il fut de courte durée, les prêtres et le peuple étant restés attachés aux autres dieux qu’ils avaient l’habitude de vénérer. Cette épisode montrerait donc que le monothéisme était éloigné de la tradition religieuse des Egyptiens.

    - complexe : la longue durée, les évolutions, le manque de textes religieux, le caractère local, la multitude des dieux conduisent à la complexité.
    On a trop tendance a appréhender les dieux globalement et de manière universelle : chaque dieu fait référence à un lieu précis et une époque déterminée.

    - de première importance pour les hommes : Hérodote a dit que les Egyptiens étaient "les plus religieux de tous les hommes". La religion est  partout en Egypte antique, tout s’explique à partir d’elle, elle est la raison d’être de chacun. Les dieux résident dans toutes les parties constituantes du monde : le ciel, la terre, les fleuves, les champs, la végétation, les déserts... Les monuments et vestiges qui demeurent montrent les efforts gigantesques accomplis par les Egyptiens pour leurs dieux.

    - avec des dieux d’inégale renommée : il se trouve que certains dieux sont sortis de leur sphère locale pour s’imposer dans le
    cadre national,  ils sont donc mieux connus. Ce phénomène s’explique par le fait qu’avant l’unification de l’Egypte, les nomes se sont combattus, ceux qui ont triomphé ont pu imposer aux vaincus leurs dieux. Ensuite, les rois ont mis en avant les dieux de la ville où ils exerçaient le pouvoir.
    Ainsi, Amon, simple divinité thébaine au départ, a pris une dimension nationale quand les pharaons ont résidé à Thèbes.

 

- l’importance des animaux : Pour les Egyptiens, toutes les formes de la nature expriment le divin. Il était donc naturel que la religion  accorde une grande importance aux animaux : le bélier, la vache, le taureau, le cobra, le vautour, le crocodile, le chat, l’ibis ... Ce culte des animaux est antérieur aux premières dynasties : on a retrouvé de cette période des cimetières entiers de chats, de chiens, de taureaux, de béliers... de hannetons... Chaque nome adorait un animal particulier (le chien à Cynopolis,  le chat à Bubastis, l’hippopotame à Papremis, le crocodile au Fayoum...).
   

    Il y a  cependant lieu de différencier les animaux simplement associés au culte du dieu local et les animaux sacrés où un dieu vient s’incarner, comme le dieu Ptah qui prend la forme du taureau Apis. Cela ne signifie pas toutefois que les Egyptiens sont zoolâtres, l’animal n’est pas adoré en tant que tel, on honore à travers l’animal le symbole, la puissance qu’il est censé incarner ou le dieu qui prend sa forme (le faucon pour Horus, l’oie ou le bélier pour  Amon, le crocodile pour Sobek, le singe pour Thot...). Dans ce  cas, pour le temple, les prêtres choisissent un seul animal selon des critères précis (couleur du pelage, forme des cornes...) et lui rendent le même culte que la statue du dieu dans le temple. A sa mort, l’animal est enterré selon les mêmes rites funéraires que ceux des humains et devient un Osiris. Les prêtres doivent alors trouver, dans la même espèce, le nouvel animal dans lequel le dieu s’est réincarné. Les hommes ne mangent pas la viande de l’espèce choisie pour l’animal sacré : à Memphis on ne mangera pas de taureau (animal sacré, Apis), à Denderah, on ne mangera pas de vache (animal sacré, Hathor). Diodore de Sicile (Ier siècle av J.-C) précisait que les Egyptiens, en période de famine, préféraient s’entredévorer plutôt que manger les animaux  sacrés.

    - une religion anthropomorphe : Mais, très vite, les dieux sont représentés sous forme humaine ou sous un mélange humain-animal (un corps d’homme et une tête d’animal par exemple). Un même dieu peut être représenté de façon différente : Hathor peut apparaître sous la forme animale (une vache), sous la forme humaine (une femme) ou un mélange des deux (une femme avec une tête de vache). De même, Amon peut être représenté sous la forme humaine, sous celle d’un bélier ou d’un homme à tête de bélier. Les dieux
    possèdent aussi des attributs spécifiques qui peuvent aider à leur  identification, ils tiennent également dans  les mains les signes de
    leur pouvoir : sceptre ouas, croix de vie ankh, mais les couronnes dont ils sont coiffés sont interchangeables.

    Les dieux sont à l’image des hommes, ils ont une âme, ne sont pas parfaits, se querellent, se font la guerre, se marient, ont des enfants et meurent même, mais comme ils ont droit (comme les hommes) à la résurrection, ils ne meurent jamais définitivement.

    - une religion utilitaire : les Egyptiens attendent des dieux une aide dans toutes leurs activités humaines, ils leur apportent des hommages en remerciement de leurs bienfaits (la vache nourricière, le soleil qui
    permet la vie, le sycomore qui donne l’ombre...) ou pour se concilier leur malveillance (le serpent, le crocodile, la lionne, l’hippopotame...)

Suite : le mythe osirien et autres 

 

Extrait de : http://jfbradu.free.fr/egypte/

Retour à la triade cosmogonique

Date de dernière mise à jour : 25/11/2018

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