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c) Les débuts de l'histoire et des civilisations

Le mot "civilisation" dérive du latin civis qui veut dire "citoyen". Il sous-entend donc une société, un regroupement de populations dans lequel chaque personne a un rôle déterminé : les tâches y sont spécialisées et les rapports entre individus sont régis par des règles organisées autour d'un lien d'autorité. En particulier, il existe des lois et un systéme judiciaire (aussi arbitraire soit-il) qui a pour but de régler les différents entre individus en évitant autant que possible les règlements
de comptes personnels.

On s'accorde à penser que les premières civilisations sont nées de l'organisation à grande échelle de l'agriculture, sur les rives des grands fleuves du Moyen-Orient (Nil, Euphrate, Tigre, Indus) et de la Chine. L'agriculture à proximité des grands fleuves bénificie d'une terre facile à travailler et de la crue des eaux, qui doit être mise à profit par des travaux d'irrigation considérables. La mise en commun des ressources et l'organisation du travail sont alors nécessaires et donnent un avantage certain aux populations travaillant de concert. L'apparition des villes est une conséquence de la civilisation (et non une cause) car  elle demande une spécialisation du travail suffisante pour justifier une agglomération d'artisans, de marchands et de non-paysans en général et  elle  nécessite des surplus agricoles importants afin de nourrir cette population.  La période historique comme telle débute avec l'invention de l'écriture, vers 3000 ans avant notre ère, en Mésopotamie et en Egypte. Avec l'écriture apparaît la classe des scribes, ceux  qui maîtrisent cet art compliqué et qui peuvent désormais transmettre les connaissances de manière plus précise et permanente que par tradition orale. L'écriture semble être née directement du besoin de tenir un inventaire des produits agricoles, et donc, fût utilisée premièrement en conjonction avec les premiers systèmes de numération. voir néolithisation

d. L'âge du fer

 
L'Égypte et la Mésopotamie étaient des civilisations de l'âge du bronze. Ces civilisations furent ébranlées au milieu du deuxième millénaire avant notre ère par l'arrivée de l'âge du fer, dont la signification historique fut immense. Le fer est plus di?icile à travailler que le bronze, en raison de sa plus grande température de fusion, requérant des fours plus sophistiqués. Notons que le bronze était coulé dans des moules, alors que le fer n'était que ramolli et forgé.Par contre, le minerai de fer est beaucoup plus abondant que le minerai de cuivre. Pendant l'âge du bronze, la rareté du métal en faisait un objet de luxe, apanage des nobles et des guerriers. Les paysans ne possèdaient que des outils de pierre rendant di?icile toute agriculture en dehors de zones étroites près des rivières, où la terre est facile à travailler, telles l'Égypte et la Mésopotamie. Dans ces pays, l'agriculture était une entreprise d'état en raison des travaux communautaires importants qu'elle impliquait (irrigation, distribution, etc.). La technologie limitée du bronze a donc imposé un système social rigide et stable, fondé sur des états puissants et comportant aussi des villes importantes.
L'arrivée du fer a démocratisé l'outillage en métal. Le fer a permis d'étendre l'agriculture à des régions autrement couvertes de forêts, comme l'Europe, où le climat ne demandait pas d'importants travaux d'irrigation. Il a ainsi rapetissé l'unité sociale minimale, car l'agriculture ne demandait plus d'organisation sociale lourde. Comme elle a aussi répandu l'usage d'armes très e?icaces, l'arrivée du fer a entraîné une période de chaos assez sévère, ponctuée de guerres incessantes. Il est probable que les habitants de l'âge du fer aient considéré avec nostalgie les civilisations plus stables et en apparence plus riches de l'âge du bronze. Cependant, le fer a permis de nombreuses innovations techniques et économiques, notamment en navigation, qui ont peu à peu favorisé l'éclosion de nouvelles civilisations : Hittites, Phéniciens et surtout Grecs. En somme, l'avènement de l'âge du fer est comparable en importance à la chute de l'empire romain : une période de relative obscurité et de chaos, suivie d'une période de progrès techniques et finalement de l'éclosion d'une civilisation encore plus prospère et diversifiée que la précédente.

e.  L'Égypte

  •  L'Égypte dans l'histoire

L'Égypte fut l'hôte, avec la Mésopotamie, de la première grande civilisation de l'Antiquité. Ce pays est entièrement dépendant de son artère, le Nil, et de ses crues annuelles qui fertilisent le sol. Les rois qui régnèrent sur l'Égypte (pharaons) furent classifiés par les historiens de l'Antiquité en trente dynasties. Le premier pharaon (première dynastie) fut Ménès (ou Narmer) qui unifia la Haute-Égypte et la Basse-Égypte. La chronologie approximative du pouvoir égyptien est indiquée au tableau suivant

 

 

 

 

 

 

 

  • Caractère des connaissances égyptiennes

 

L'Égypte ancienne était un état monarchique centralisé. Les scribes, sorte de fonctionnaires-comptables, étaient responsables de l'inventaire et de la
distribution des récoltes et c'est entre leurs mains que reposait le savoir transmissible des égyptiens, en particulier en mathématiques. Paradoxalement, l'époque la plus féconde en inventions techniques est l'Ancien empire (l'époque des  grandes pyramides). Par exemple, les grandes pyramides de Chéops et de Chéphren ont leur faces orientées vers les quatre points cardinaux avec une précision de 2 ′ 28 ′′ et nous ignorons commentles constructeurs y sont parvenus. Nous ignorons aussi comment les Égyptiens ont réussi à assembler ces monuments. L'historien grec Hérodote écrit que 100 000 hommes travaillèrent pendant 20 ans à la construction de la pyramide de Chéops, mais celui-ci est souvent peu fiable quand il cite des nombres.
Platon traite les Égyptiens de «peuple de boutiquiers» , caractérisé par un «amour de la richesse» et non un amour de la science. Les connaissances égyptiennes avaient en e?et un caractère technique

  • Les mathématiques

-Les documents parvenus jusqu'à nous démontrent une absence de raisonnement dans les mathématiques égyptiennes. Ils sont remplis d'exemples d'applications de règles pratiques de calcul et utilitaire. Les Égyptiens n'ont pas senti le besoin d'élaborer un système cohérent de la Nature.

-Les Egyptiens ont un système de numération juxtapositionnel (analogue aux chiffres romains):

-Ils ont des signes pour l’unité, la dizaine, la centaine, etc. et répètent les symboles le nombre de fois requis.

-L’importance du nombre 10 provient vraisemblablement de nos dix doigts, utilisés pour compter depuis les temps préhistoriques.

-Les Egyptiens ne connaissent que les entiers, les fractions unitaires (de la forme 1/n, où n est un entier) ainsi que la fraction 2/3. Toutes les autres

fractions doivent être réduites à des combinaisons de ces dernières.

-Adeptes du calcul fractionnaire, Les égyptiens estimaient, au temps du grand Alexandre, que la circonférence L d'un cercle de diamètre d vérifiait : 3 + 1/8 < L/d < 3 + 1/7, soit :

3,1250 < p < 3,1428

un encadrement peu convaincant qu'Archimède améliorera grandement.

-Les Egyptiens peuvent résoudre des équations linéaires, par la méthode dite des “fausses positions”,qui consiste à deviner une solution et à la corriger au besoin.

-Hérodote attribue aux Egyptiens l’invention de la géométrie.

-En fait, leurs connaissances géométriques sont purement pratiques et empiriques. Ils savent comment calculer l’aire d’un rectangle,

-En général, les ´Egyptiens sont plus forts en géométrie qu’en arithmétique, en raison de leur système de numération déficient.

-Le système de numération additionnel 

 

Un tel système ne requiert pas un symbole « zéro » : le résultat est la somme des nombres représentés par des pictogrammes (petits dessins hiéroglyphiques). Les plus simples furent :

On écrivait de droite à gauche en finissant par les unités. Les Egyptiens affectionnaient les fractions unitaires (de la forme 1/n), ils les écrivaient au moyen d'un signe ovale au-dessus de l'écriture du nombre n. Et pour exprimer certaines mesures de capacité et de volumes, ils utilisèrent une curieuse symbolique : les éléments de l'oeil d'Horus, dieu du ciel...

 Le nombre pi est utilisé, depuis le Moyen Empire et probablement bien avant sous l'Ancien Empire, pour calculer l'aire du cercle : on lui attribue la valeur de 4 × (8 / 9) × (8 / 9), soit 3,16, ce qui donne sur pi une précision de 0,6 % (voir Quadrature du cercle). Les pyramides sont orientées par rapport à la course du Soleil (équinoxe) avec une précision de quelques minutes d’arc. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, Alexandrie deviendra le centre intellectuel de l'antiquité méditerranéenne. Dès avant cette époque, d'ailleurs, des scientifiques grecs (Thalès, Pythagore...) passèrent par l'Égypte, et Euclide y passa sa vie. Mais les Égyptiens ne développent les sciences que dans une perspective pratique (construction architecturale, administration), et ne s'engagent pas dans un examen "scientifique" du monde. De surcroît, ce n’est qu’avec les Grecs qu'apparaîtront les démonstrations.

Cette différence d'approche entre les Grecs et les Égyptiens est manifeste dans l'histoire de l'astronomie. La science alexandrine, sommet de l'astronomie antique, est essentiellement fille de la science grecque au niveau des modèles, mais elle utilise des éléments égyptiens, par exemple pour le calcul du temps et des dates dans les tables astronomiques. Outre la cartographie du ciel, elle maîtrise la description précise du mouvement du Soleil et le calcul exact des éphémérides. Le zodiaque, dont nous avons hérité, n'est autre que le calendrier des saisons égyptiennes[4], établi au départ du zodiaque mésopotamien. Le calendrier pratique de 365 jours 1/4 est différent du calendrier administratif civil de 365 jours, le moment le plus important en est le lever héliaque de Sothis (Sirius), qui coïncide avec le début de la crue du Nil (le Verseau).

Certains auteurs, sans remettre en question l'idée d'une rupture nette entre science égyptienne et science grecque, soulignent qu'on ne peut dénier aux sciences égyptiennes toute conceptualisation sans en avoir fait la démonstration par l'examen détaillé des textes. Ces thèses sont encore assez peu reconnues par la communauté des historiens des sciences.

L’ingénierie égyptienne atteint une impressionnante efficacité : les Égyptiens ne mettent que trente ans à construire chacune des grandes pyramides. Le nombre d’ouvriers nécessaires, le volume de pierres à amener, le transport depuis les carrières, l’infrastructure nécessaire à la réalisation (rampes), la quantité de nourriture à apporter aux ouvriers, tout est calculé. La précision de la technique de taille des pierres, aussi, est réellement impressionnante et on ne comprend toujours pas comment les 20 000 ouvriers de la pyramide de Khéphren (que nous connaissons désormais par les fouilles) sont parvenus à rendre parfaitement jointifs des blocs aussi énormes en les montant là où ils se trouvent. Les temples, les obélisques et les tombeaux sont tout aussi impressionnants. Les scribes calculaient vite et bien, les ouvriers travaillaient vite et bien. Contrairement à une croyance tenace, l’esclavage n’existait pas en Égypte : ces ouvriers, détenteurs d’une haute technicité, sont particulièrement choyés par les pharaons.

Du fait de la pratique de l’embaumement, les médecins égyptiens ont une connaissance approfondie de l’intérieur du corps humain. Ils ont identifié et ont décrit un grand nombre de maladies dont ils ont trouvé ainsi les traces. Ils sont compétents en médecine cardiologique, gynécologique, des yeux, des voies intestinales et urinaires. Ils pratiquent avec succès des opérations. Ils sont les plus réputés de leur époque et on fait largement appel à eux, y compris depuis l'étranger. Comme pour les mathématiques, ils ont enseigné leur savoir oralement et au moyen d’un certain nombre de papyri (papyrus Ebers, papyrus Edwin Smith, papyrus Carlsberg). Ce n’est pas un hasard si les médecins grecs, comme leurs collègues mathématiciens ou astronomes, sont venus se former dans la Maison de Vie de la célèbre bibliothèque d’Alexandrie.

 

carte de l'Orient antique

 

 

Suite : sciences et mésopotamie 3

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 07/03/2018

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