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Spiritualité primitive 2

On doit ajouter le cimetière d'une grotte du Mont Carmel avec dix sépultures et au sujet de laquelle on discute l'authenticité et la signification des offrandes de nourriture ou d'objet déposé dans les tombes ; l'exemple le plus familier est celui du crâne féminin du Mas-d'Azil, avec des yeux postiches, posés sur une mâchoire et un bois de renne.

Le Paléolithique supérieur est la période de la Préhistoire qui est caractérisée par l’arrivée de l’Homme moderne en Europe, le développement de nouvelles techniques (lames, industrie osseuse, propulseur, etc.) et l'explosion de l'art préhistorique. Il se situe entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère et correspond à la fin de la dernière période glaciaire. Il est précédé par le Paléolithique moyen et est suivi du Mésolithique.

Le Paléolithique supérieur débute à l'arrivée en Europe de l'Homme moderne (Homo sapiens). Venu de l'Est (Proche-Orient, Asie ou Afrique ?), il a profité d'une amélioration temporaire du climat vers - 35 000 pour coloniser l'Europe. Il cohabite avec l'Homme de Néandertal jusqu'à l'extinction de ce dernier vers -30 000 en Espagne. L'existence d'une cohabitation entre les deux espèces a été démontré. Les raisons de l'extinction de l'Homme de Néandertal ne sont pas connues précisément (voir Homme de Néandertal).

Au cours du Paléolithique supérieur, le climat est généralement rigoureux avec des épisodes plus chauds. Le nord de la France est occupé par la toundra - un terrain dépourvu d'arbres et couvert de lichens et mousses - à laquelle succède, en descendant vers le Sud, la taïga - forêt peu épaisse constituée de pins et de bouleaux nains. Dans les vallées abritées, durant les épisodes climatiques les plus tempérés, on trouve des feuillus.

Cette végétation peu dense est le royaume des herbivores : aurochs - un ancêtre de grande taille de nos vaches -, cheval, rhinocéros laineux, mammouth, bison, saïga. Durant les épisodes les plus froids abondent les rennes. Tous ces herbivores sont chassés par deux carnivores concurrents de l'homme : le lion des cavernes et l'hyène.

L'ours brun et l'ours des cavernes occupent les vallées boisées.

Au début de cette période, l'homme chasse ces animaux avec des sagaies ou en les piégeant ; l’arc apparaîtra vers – 17.000 (découverte de pointes silex dans la grotte de Parpallo en Espagne, datées de +/- 20000, Muséum de préhistoire, Valence)

L'Homo sapiens, dont le représentant le plus connu est l'Homme de Cro-Magnon découvert en 1868 à Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, apporte dans toute l'Europe des pratiques complètement différentes de celles de ses prédécesseurs. Son industrie lithique est basée sur la production d'éclats allongés, lames et lamelles, qui servent de base à la réalisation d'un outillage diversifié : grattoirs, burins, pointes de projectiles, armatures, etc.

 

Au Paléolithique supérieur la pratique, de l'inhumation semble se généraliser. Les corps saupoudrés d'ocre rouge sont enterrés dans des fosses où l'on a trouvé un certains nombre d'objets de parure ( coquillages, pendeloques, colliers ). Il est probable que les crânes et les ossements d'animaux découverts à côté des tombes , sont les restes de repas rituels, sinon des offrandes.Leroi-Gourhan, encore lui, estime que les " mobiliers funéraires", c'est à dire les objets accompagnant le défunt dans sa tombe, "sont très discutables" Comme dirait Eliade, le problème est important; la présence de tels objets ou non, témoignerait de la croyance dans une survie personnelle, mais aussi la croyance que le défunt continuera son activité spécifique dans l'autre monde.Des idées similaires sont abondamment attestées et à des niveaux différents de culture et de toute façon, le même auteur reconnaît l'authenticité d'une tombe aurignacienne, en Ligurie, où le squelette est accompagné de quatre de ces objets mystérieux appelés " bâtons de commandement " ( symbole d'autorité, redresseur de sagaie, propulseur de sagaie ? ).Donc certaines tombes au moins indiqueraient d'une façon indubitable la croyance dans la continuation post mortem d'une activité particulière.

En conclusion :

- Les sépultures confirment la croyance dans la survie ( signalée déjà par l'utilisation de l'ocre rouge).

- Enterrements orientés vers l'est, marquant l'intention de solidariser le sort du l'âme à la course du soleil, dans l'espoir d'une renaissance.

- Croyance dans la continuation de l'activité spécifique.

On peut cependant se rendre compte de la richesse et de la profondeur du symbolisme religieux impliqué dans une cérémonie apparemment si simple, si l'on examine l'inhumation chez un peuple archaïque de nos jours.

Chez les Indiens kogi, tribu de la langue chibcha en Colombie dans la Sierra Nevada, l'enterrement d'une jeune fille a été observé par l'archéologue Reichel-Dolmatoff.

C'est le chaman qui choisit l'endroit de la tombe donc de la fosse et qui mêne ensuite la gestuelle rituelle, en déclarant :

- La maison est fermée et je vais l'ouvrir.

- Ici c'est la maison cérémonielle de la Mort, ici c'est l'utérus.

- Ici c'est le village de la mort, c'est la maison de la mort.

- Je vais l'ouvrir, la maison est fermée et je vais l'ouvrir.

Après quoi, il annonce que la maison est ouverte et indique aux hommes de la place où il doivent creuser la fosse. Le Chaman se retire.

Ensuite, le père de la défunte enrobe sa fille dans un linceul blanc et le coud , pendant ce temps la mère et la grand mère entonnent une chanson lente sans presque de paroles. On dispose dans la fosse de petites pierres vertes, des coquillages et la coquille d'un gastéropode.

Finalement le chaman essaye vainement de relever le corps en donnant l'impression qu'il est trop lourd, ce n'est qu'à la neuvième fois qu'il réussit, le corps est disposé dans la tombe tête vers l'est et on " ferme la maison", c'est-à-dire qu'on remplit la fosse. Suivent d'autres mouvements rituels autour de la tombe , et finalement tous se retirent, la cérémonie a duré deux heures.

Plus tard, on ne retrouvera en fouillant la tombe qu'un squelette avec la tête vers l'Est et quelques pierres et coquilles. Les rites et l'idéologie religieuse impliquées ne sont plus "récupérables"

Même un observateur contemporain étranger, ignorant la religion des Kogi ne pourra pas accéder au symbolisme cérémoniel. Car il s'agit de la verbalisation d'une culture religieuse que l'observateur ne possède pas, dans laquelle il n'a pas été baigné depuis son enfance comme les Kogi. La verbalisation de la fosse en tant que maison et "utérus" ( ce qui explique la position foetale sur le flanc droit de la dépouille) n'aura pas d'effet psychologique sur lui.La verbalisation des offrandes en tant qu'aliments pour la Mort ainsi que l'ouverture et la fermeture de la maison utérus n'évoqueront pas grand chose pour cet observateur. La purification finale par la circonvallation rituelle achève la cérémonie.       

Dépots d'ossements : controverses   

Les dépôts d'ossements des ours des cavernes constituent les "documents" les plus nombreux mais aussi les plus controversés, concernant les idées religieuses du dernier interglaciaire.Le culte de l'ours est controversé mais une forme de vénération de l'ours, associée à des rites parfois violents, est plus tard attestée dans de multiples sociétés humaines en contact avec cet animal, aussi bien en Sibérie qu'en Europe ou chez les amérindiens. L'ours était considéré comme un double de l'homme, et même comme le roi des animaux en Europe. Étroitement associé à des pratiques et traditions païennes parfois transgressives, il fut combattu ainsi que ses cultes par les autorités de l'église catholique lors des évangélisations successives, conduisant à une dépréciation et une diabolisation progressive de l'ours en Europe.

Le débat concernant une implication possible de l'ours au sein de la culture humaine implique la grotte du Regourdou, en Périgord. Dans ce site proche de Lascaux, des ossements néandertaliens datant de 80 000 ans avant le présent ont été mis au jour en 1965 au sein d'une fosse, associés à des ossements d'ours sous une même dalle. Cette grotte fut alors vue par les préhistoriens comme « un véritable sanctuaire permettant de résoudre le problème du culte de l'ours », et selon une thèse soutenue par Christian Bernadac, cet animal aurait pu être le « premier dieu célébré par les hommes »; L'inventeur du site, Roger Constant, fervent défenseur de cette thèse, a réintroduit des ours vivants à proximité du lieu de la découverte.

En 2010, on remet largement en cause ces théories, attribuant le mélange des ossements à des phénomènes taphonomiques.

Jusqu'au début du XXe s, on pensait unanimement que le massif alpin avait été colonisé très tardivement, c'est pourquoi la découverte en 1904 par Emil Bächler d'un gisement paléolithique ( Moustérien d'Europe-Suisse) ) en altitude dans le massif du Säntis suscita un intérêt considérable. Les fouilles de la grotte du Wildkirchli, puis du Drachenloch conduisirent Bächler à élaborer une théorie concernant des chasseurs d'ours paléolithiques qui auraient pratiqué un culte de la chasse et du sacrifice.

Emïl Bächler avait trouvé au Drachenloch des dépôts d'ossements, surtout des crânes et des os longs ; ils étaient groupés et placés soit le long de la paroi, soit dans des niches naturelles du rocher, soit dans une sorte de caisson de pierre. De 1923 à 1925 Bächler explora une autre grotte, la Wildenmannlisloch où il trouva plusieurs crânes d'ours dépourvus de mandibules, avec les os long placés entre eux. Divers autre exemples de découvertes similaires pourraient être donnés comme dans la Salzofenhoelhe ( Alpes autrichiennes) où K.Ehrenberg trouva en 1950 trois crânes d'ours logés dans des niches naturelles de la paroi et associés à des os long , orientés selon un axe est-ouest. Des découvertes similaires se sont poursuivies sporadiquement jusqu'aujourd'hui.

Ces dépôts semblaient intentionnels, et il ne fallait franchir qu'un pas pour attribuer aux hommes du Moustérien une intentionnalité religieuse. Ce pas fût franchi par plusieurs savants qui s'appliquèrent à décrypter cette éventuelle intentionnalité.

Al. Gahs les a comparés aux offrandes des prémisses ( Primitialopfer ) apportées par certaines populations arctiques à un être suprême. Ces offrandes constituaient en la présentation à l'être suprême de crânes et d'os longs de l'animal abbatu ainsi que de la moëlle et de la cervelle, parties très appréciées du chasseur.

- W.Schmidt et W. Koppers concluèrent alors à l'existence chez ces chasseurs du dernier interglaciaire d'un culte de l'être suprème ou d'un culte de l'ours tel qu'il a été pratiqué jusqu'au 19ème siècle dans l'hémisphère Nord. Ce culte consistait en la conservation du crâne et des os longs de l'ours assommé pour que le seigneur des fauves puisse le réssusciter l'année suivante.

- Karl Meuli voyait seulement une forme particulière de l'inhumation des animaux qu'il considérait comme le plus ancien rite de chasse se déroulant sans l'implication d'un être divin.

Ces hypothèses ont été très généralement mises en question, en premier lieu par un chercheur Bâlois F.Ed.Koby qui n'y voit que les résultats du hasard et du comportement de l'ours lui-même, Leroy Gourhan s'est d'ailleurs déclaré en accord avec ses remarques tout en reconnaissant que des "remaniements" par l'homme sont probables dans quelques cas. 

Cette controverse au sujet des crânes et os longs d'ours a défrayé pendant un demi-siècle la littérature préhistorique et sert d'exemple couramment pour montrer les risques inhérents aux hypothèses insuffisamment contrôlées au départ.    

Aujourd'hui, la plupart de ces hypothèses ont été abandonnées. On sait que ces grottes d'altitude ont avant tout servi de refuge au grand ours des cavernes (Ursus spelaeus), mais on est loin d'avoir les preuves d'un culte exercé dans les profondeurs obscures des grottes, ce qui n'exclut cependant pas une certaine religiosité ches les Paléoanthropiens du paléolithique moyen.   

Il est de même d'autres cas où des crânes d'animaux ont été volontairement placés en position privilégiée dans un habitat. On connait ainsi plusieurs exemples où d'énormes massacres d'Aurochs qui ont été trouvés sur le sol des cavernes, semblent être tombés de parois où ils étaient suspendus.Un fait identique est attesté en Ukraine  et dans la vallée du Don, où respectivement un crâne de loup et un crâne de boeuf musqué ont été trouvés dans une position telle qu'ils paraissent avoir décoré l'entrée ou le faîte de huttes construites en défenses de mammouths.

Il est possible de fournir d'autres exemples de ce genre, avec des canines, voire d'autres parties du squelette :

- Squelettes de loups rassemblés non loin d'un groupe d'habitations du paléolithique supérieur à Pavlov en Moravie avec d'autres déchets, la disposition de ces os n'est cependant pas suffisamment explicite pour attester d'un rituel, ce qui ne préjuge cependant nullement de ce que les chasseurs pouvaient accorder de signification magique ou religieuse aux loups, voire des à-côtés  éventuellement rituels des dépôts

- Carcasses de rennes de Stilmoor ( -10000,-7000 ) immergées au bord d'un lac et lestées de grosses pierres. On a crû y voir des offrandes, mais rien ne permet de distinguer un tel dépôt d'une cache alimentaire.

Les faits sont ambigüs comme il est normal dans des cas où l'usage naturel ( alimentation, fourrure ) peut être doublé par un usage surnaturel qui ne transparaît pas souvent dans les matériaux.

Au niveau des ossements animaux, nous pouvons considérer que :

1) Au niveau du Paléolithique ancien, les sacrifices ne sont pas attestés.

2) Les documents du Paléolithique moyen se prêtent à des interprétations diverses, mais leur caractère religieux n'est pas évident.

3) Au Paléolithique tardif, l'on peut parler avec plus ou moins de certitude de "sacrifices".

En tout état de cause, on ne peut établir que l'intentionnalité religieuse d'un dépôt, l'opacité sémantique ne nous permet pas de déterminer le type de croyance ni de reconstituer l'éventuel rituel pratiqué. Il en est ainsi pour tout dépôt où l'intentionnalité religieuse est attestée.Les significations spécifiques de ces actes ne peuvent être appréhendées que grâce aux informations des membres des sociétés respectives.

On doit toujours tenir compte de la multiplicité des interprétations possibles d'un document dont l'intentionnalité magico-religieuse est vraisemblable. Mais d'autre part, il ne faut pas oublier que quelles que soient les différences entre les chasseurs articques et les paléolithiques, tous partagent la même économie et très probablement la même idéologie religieuse spécifique des civilisations de la chasse. Par conséquent, la comparaison des documents ethnologiques et paléolithiques se justifie.

D'autre part, l'importance d'une idée religieuse archaïque est confirmée également par sa "capacité de survivre" dans les époques postérieures, c'est ainsi que la croyance que un animal peut renaître à partir de ses os se rencontre dans un nombre considérable de cultures, notamment celles de chasseurs et de pasteurs. Un exemple assez connu est celui des boucs de Thorr, égorgés et consommés le soir, mais que le Dieu réssuscitait le lendemain à partir de leurs os. C'est ainsi que dans la bible, la vision d'Ezechiel se fait le témoin de l'Eternel qui suscite la résurrection à partir d'ossements.                   

Arts figuratifs et  peintures rupestres ou art pariétal

Ce sont les documents figuratifs les plus nombreux et les plus importants que l'on ait découverts, par l'exploration de grottes décorées. Ils sont importants, car à partir de ce moment( ~ 35000 et ~30000 )  les hommes deviennent capables de transmettre l'image du monde dans lequel ils sont insérés.

Leroy Gourhan a établi la chronologie et la morphologie des oeuvres d'art paléolithique figuratives en cinq périodes :

- Epoque préfigurative ( ~ 50000 )

- Epoque primitive ( ~ 30000 ) : apparition de figures fortement stylisées.

- Période archaïque ( ~ 20000-15000 ) : grande maîtrise technique.

- Période classique ( ~ 15000-11000 ) : réalisme très poussé.       

- Période tardive ( ~ 10000) : déclin.

Si de manière générale, les trésors figuratifs de la basse préhistoire sont présents dans une grande partie de l'Europe occidentale et centrale et jusqu'en Russie, l'art proprement pariétal est réparti sur un territoire relativement restreint entre l'Oural et l'atlantique : Espagne - France - Italie du Sud  et une grotte à peintures découverte dans l'Oural en 1961.

L'art figuratif peut être admiré dans toute l'Europe  par le même groupe de symboles ; représentations d'animaux bien déterminés,de personnages féminins ou masculins , signes variés, le plus souvent géométriques. Ces figures décorent quatre catégories de documents : des objets de caractère utilitaire ou non, des statuettes modelées ou sculptées, des plaquettes de pierre ou d'os, des parois d'abris sous roche ou de cavernes. Les trois premières catégories constituent l'art mobilier, la dernière est l'art pariétal. Le sens apparent des images ne semble pas avoir varié de ~ 30000 à ~ 9000 et ce sur un territoire large depuis les Asturies jusqu'au confins de la Russie. L'art pariétal est donc emprunt d'une extraordinaire unité du contenu artistique. Selon Leroy Gourhan, il s'agit de la diffusion par contact d'un même système idéologique, celui qui marque la "religion des cavernes".

En effet, a priori, la qualité religieuse de l'art préhistorique jouit d'un préjugé favorable,car dans toutes les sociétés connues, avec une majorité écrasante, l'art figuratif ( sanctuaires, hotels domestiques, objets de parure...)  reflète les concepts religieux ou les attitudes magiques des groupes humains dont il est extrait.

L'apparente anarchie des représentations d'animaux correspond à une conception de l'espace figuré différente de la nôtre, mais non moins exigeante.

Puisque les peintures se trouvent assez loin de l'entrée, les chercheurs s'accordent à considérer les grottes comme une sorte de sanctuaire. D'ailleurs, beaucoup de ces cavernes étaient inhabitables et renforçaient, par leur difficulté d'accès, leur caractère numineux. Les cavernes sont, comme on le pense depuis toujours,  un lieu de pratiques à caractère magique ou religieux et fournissent, à la différence des trois autres catégories d'art figuratif, des ensembles d'images à jamais fixées dans leurs rapports mutuels et par leur insertion dans les milieux qui les ont recueillies.

Leroy Gourhan a établi un véritable structure symbolique des grottes ornées et a conclu, par l'existence de traditions symboliques, à la pratique de véritables religions préhistoriques ( voir Histoire des religions Vol 3, Tome I sous la direction d'Henry Charles Puech / collection Folio essais ex Gallimard et Encyclopédie de la Pléiade, 1976, le texte de Leroy Gourhan pp 561-571).

De toute manière, l'art pariétal européen forme un bloc idéologique  de structure particulière et incomparable avec les production du Levant espagnol, du Sahara , de l'Afrique du Sud , du Proche Orient ou de l'Inde. Dans ces régions, les productions sont représentées comme de véritables scènes alors que dans le cas européen qui nous occupe, la structuration est toute différente dans ce sens où les figures animales sont disposées sans interactions entre elles. Les figures paléolithiques sont associées dans l'espace, mais très rarement dans l'action. Les scènes dont nous faisons mention contiennent des chasseurs armés d'arcs ou de lances, frappant un gibier , troupeaux de boeufs conduits par leur pasteur, figuration de maisons avec scènes familiales, etc.

La floraison des groupes narratifs de l'art post glaciaire contraste vigoureusement avec le système de représentation du Paléolithique supérieur. Le changement dans les thèmes figurés marque moins l'évolution climatique que les profondes transformations qui ont dû affecter l'idéologie religieuse durant le long passage de l'économie de prédation à l'économie de production ( voir les pages relatives à l'apparition de l'agriculture ).

Pour donner un sens plus précis à ces signes d'intentionnalité religieuse, ce qui est ardu, on tente généralement d'établir des parallèles avec des pratiques religieuses de sociétés primitives vivantes. Cette méthode est justifiée comme nous l'avons vu, plus haut.        

On a interprété les ours, les lions et les autres bêtes sauvages  criblés de flèches ou les  modelages d'argile trouvés dans la grotte de montespan , figurant des lions et un ours percé de trous ronds et profonds comme des preuves de la " magie de la chasse", l'hypothèse est plausible mais on pourrait interprèter certaines de ces oeuvres comme la ré-actualisation d'une chasse primordiale ( lire pour ces éléments rituels primordiaux " le mythe de l'éternel retour" de M.Eliade ). Il est également plausible que des rites étaient perpétrés dans les zones les plus profondes de ces "sanctuaires" peut-être avant une chasse ou lors de phénomènes similaires à l'"initiation des adolescents". D'autres scènes peuvent être interprétées comme des rituels à caractère chamanique comme c'est le cas dans nombre de rituels spécifiques des peuples chasseurs cueilleurs dont il reste quelques exemples contemporains. En effet l'existence d'un certain type de chamanisme semble assurée à l'époque Paléolithique et reste encore de nos jours l'idéologie religieuse des chasseurs et des pastoralistes. On ne peut imaginer une époque où l'homme n'avait ni rêves ni rêves éveillés et ne tombait pas en "transe " , perte de conscience que l'on attribuait à un voyage de l'âme dans l'au delà . C'est simplement l'interprétation et la valorisation de ces états qui a évolué avec les différentes formes de culture et de religion. L'esistence de rapports mystiques existant dans ces périodes lointaines entre l'homme et l'animal nous permettent de deviner aisément la fonction d'un paléoanthropien spécialiste de l'extase.                        .   

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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