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Paléoanthropologie 3

II. UN FOISONNEMENT D'AUSTRALOPITHEQUES

Un grand chapitre de l'histoire évolutive des homininés s'ouvre avec les Australopithèques. Lucy, Abel, Miss Ples et les autres offrent un tableau inattendu, celui de la première expansion connue de notre lignée entre 4,2 et 2,5 millions d'années. Nantis de mâchoires développées et de bipédies parfois hétéroclites , ils s'imposent tout autour de la grande forêt tropicale africaine . Ils restent dépendants des arbres, mais n'hésitent pas à s'engager dans les savanes arborées. Leur diversité s'inscrit dans un cadre environnemental très favorable qui correspond à la dernière période chaude ( Pliocène) de l'ère tertiaire (*).  

Qui sont les Australopithèques ?

Les australopithèques sont des hominidés capables de marcher debout et qui possèdent des mâchoires puissantes munies de dents robustes et qui possède des mâchoires puissantes munies de dents robustes. Ils s'épanouissent entre 4,2 et 2,5 millions d'années en Afrique centrale. Ils composent un groupe représenté par cinq espèces qui, par sa diversité, révèle la première radiation connue de notre lignée évolutive depuis sa séparation d'avec la lignée des autres grands singes africains.

Les australopithèques appartiennent à des communautés écologiques adaptées à la vie dans les savanes arborées. A leurs côtés, on trouve plusieurs éléphants ( dinithérium, éléphant antique ) ; des cousins des chevaux à trois doigts ( hipparions ) ; des girafes et des espèces proches ( Sivathérium ) ; de nombreux cochons ( phacochères ) ; une grande diversité de bovidés ( buffles, antilopes, gazelles, impalas); des primates proches des colobes et des babouins actuels  ( théropithèques, parapapio) et une formidable cohorte de prédateurs ( lions, tigres à dents de sabre, panthères , léopards géants, hyènes et hyènes chasseresses, etc...). La paléonthologie décrit des communautés écologiques comparables à celles d'aujourd'hui, mais plus riches. Cette période des débuts du pliocène s'inscrit en effet dans une phase climatique chaude et humide . Il n'est donc pas surprenant d'y rencontrer plusieurs espèces d'homininés. La reconstitution de leur habitat repose sur la composition de ces communautés. Des études sur les petits mammifères comme les rongeurs, ou sur la proportion d'antilopes adaptées aux savanes arborées ou ouvertes donnent des indications plus précises. A celà s'ajoutent les reconstitutions des paysages grâce aux pollens fossiles, aux paléosols préservant les traces de plantes et la nature des sédiments ( alluviaux, deltaïques, lacustres, etc... ) . Il en ressort que les australopithèques vivent dans un environnement relativement boisé et humide en marge des savanes arborées. C'est un milieu en mosaïque, composé de forêts plus denses à proximité de l'eau et qui se prolongent par lesdites savanes loin de l'eau.

Un buissonnement d'hominidés : Ardipithécus ramidus et Kenyanthropus platyops

C'est en 1994 que Tim White annoncent la découverte du plus ancien hominidé connu : Australopithecus ramidus. Renommé Ardipithecus ramidus, il enfonce comme  un coin entre les deux lignées de Paninés et Homininés. Il est probablement le représentant d'une autre lignée plus proche de celle des Paninés. Le fait qu'il possède des caractères qui le rapproche soit des Paninés, et, pour certains, des homininés, le situe près des dichotomies au sein des hominidés.      

Les principaux caractères qui isolent Ardipithecus des autres espèces sont la morphologie du temporal et des dents recouvertes d’un émail fin relativement et absolument aux molaires et aux canines. Les mesures effectuées sur les dents sont très proches, voire incluses, dans la variation des chimpanzés nains actuels (White et al. 1994). Les caractères d’Ardipithèque sont proches de ceux d'australopithèques mais aussi des grands singes africains actuels. L'Ardipithèque est-il donc un vrai Hominidae possédant de nombreuses convergences avec les grands singes non-humains ? Est-il un grand singe qui a  développé parallèlement quelques caractères plus humains ? Pourquoi l'Ardipithèque ne serait-il pas un ancêtre des chimpanzés et des gorilles ? Le débat est largement ouvert, surtout que les pièces sont très fragmentaires. Il faut préciser que si l'homme et les grands singes africains  ont un ancêtre commun, il est évident que plus on se rapproche de la souche, plus il est difficile d'isoler les caractères simiesques des humains; d'où le débat scientifique intense. Les auteurs ont annoncé à plusieurs reprises qu'ils avaient un squelette pratiquement complet d'Ardipithecus, mais depuis l'annonce en 1994,rien n'a été publié. Nous attendons avec impatience la description des caractères du squelette qui permettront peut-être de lever le voile sur cette énigme. Si l'Ardipithèque s'avérait être un grand singe, il viendrait bousculer bon nombre d'idées reçues sur l'histoire des préhumains, mais surtout il serait le premier ancêtre reconnu sur la lignée des grands singes africains qui, rappelons-le, est actuellement vierge de fossiles entre  15 millions d'années et aujourd'hui. 

 

Annoncé en 2001 par Meave Leakey et ses collaborateurs Kenyanthropus platyops décrit une autre espèce d'hominidés à la face très plate d'où il tire son nom. Il est contemporain des australopithèques et représente une autre lignée. L'ardipithèque comme le kenyanthrope nous révèlent que notre famille , celle des hominidés, ne se réduit pas aux deux lignées des paninés et des homininés actuelles . Notre évolution, comme celle de toute lignée, a été buissonnante.    

 

 

 

 Parmi les Homininés, on distingue les genres Ardipithecus, Kenyanthropus,Australopithecus, Paranthropus et Homo

 


 

(*) Le Cénozoïque se divise en trois périodes géologiques dont les deux premières constituent ce que l'on appelait l'ère tertiaire :

Paléogène se subdivisant en Paléocène, Éocène et Oligocène

Le Paléogène, sur l'échelle des temps géologiques, est la plus ancienne période géologique du Cénozoïque. Succédant à l'extinction du Crétacé et précédant le Néogène, il s'étend de 65,5 ± 0,3 à 23,03 ± 0,05 millions d'années avant le présent. Le Paléogène est synonyme du Nummulitique défini par Adolphe d'Archiac. Le Cénozoïque est la troisième ère géologique du Phanérozoïque et la plus récente sur l'échelle des temps géologiques. Débutant il y a 66 millions d'années, après l'extinction du Crétacé, il est précédé par le Mésozoïque et se poursuit de nos jours. Son nom signifie « nouvelle vie » et provient du grec kainos, nouveau, et zoe, vie.

Dans son acception actuelle, le Paléogène comprend trois époques (séries) qui sont, de la plus ancienne à la plus récente :

- le Paléocène, comprenant les étages Danien, Sélandien et Thanétien-65 Ma à -55,8 Ma. ;

- l'Éocène, avec l'Yprésien, le Lutétien, le Bartonien et le Priabonien  56,0 à 33,9 Ma ; 

- l'Oligocène, avec le Rupélien et le Chattien 33,9 à 23,03 Ma.

Néogène se suddivisant en Miocène et Pliocène

Le Néogène correspond à la période du Cénozoïque comprenant le Miocène et le Pliocène. Il succède au Paléogène il y a 23,03 ± 0,05 millions d'années.

On y a établi les subdivisions suivantes :

- Miocène : Aquitanien, Burdigalien, Helvétien (Langhien, Serravillien), Tortonien, Messinien.Le Miocène s'étend de 23,03 à -5,3 ± 0,05 millions d'années
- Pliocène : Zancléen ou Tabanien, Plaisancien / Astien, Gélasien. Le pliocène s'étend de 5,3 à 2,6 ± 0,05 millions d'années
Quaternaire
Historiquement, le Cénozoïque a été divisé en Ère tertiaire et Ère quaternaire, bien que l'International commission on stratigraphy ait proposé d'étendre le Néogène jusqu'à nos jours en y incluant le Pléistocène et l'Holocène, The geologic time scale - 2012 maintient ces deux époques géologiques dans le Quaternaire. Tant que la proposition de création de l'Anthropocène n'est pas retenue, l'Holocène correspond à l'actuelle époque géologique.

Avec l'avancée des méthodes de datation absolue des roches les plus anciennes et après la découverte de fossiles dans les roches précambriennes, le Quaternaire a été requalifié géochronologiquement comme la troisième des périodes géologiques du Cénozoïque (la seconde étant le Néogène). Cette disposition a été confirmée en 2009 par l'Union internationale des sciences géologiques avec un début déterminé à environ 2,6 millions d'années avant le présent.

Le Quaternaire est subdivisé en deux époques géologiques :

- Pléistocène s'étend donc sur environ 2,6 millions d'années à 12 000 ans avant le présent  

- Holocène s'étend depuis - 12.000 jusqu'au présent. 

Une troisième époque est actuellement proposée : l'Anthropocène.

Bien que l'International commission on stratigraphy ait proposé d'étendre le Néogène jusqu'à nos jours en y incluant le Pléistocène et l'Holocène, The geologic time scale - 2012 maintient ces deux époques géologiques dans le Quaternaire. Tant que la proposition de création de l'Anthropocène n'est pas retenue, l'Holocène correspond à l'actuelle époque géologique.

Le climat du pléistocène  est caractérisé par des cycles de glaciation pendant lesquels des glaciers continentaux sont descendus jusqu'au 40e parallèle. Lors de l'extension maximale des glaces, 30 % de la surface de la Terre en est couverte. Le permafrost s'étend de la limite des glaces à plusieurs centaines de kilomètres plus au sud. La température annuelle à la limite des glaces est de - 6° C et de 0° C à la limite du permafrost.Les effets des glaciations sont globaux. Dans l'hémisphère sud, l'Antarctique est couvert par les glaces durant tout le Pléistocène ainsi que pendant le Pliocène précédent. Le sud de la Cordillère des Andes est couvert par le glacier de Patagonie ; il existe des glaciers en Nouvelle-Zélande et Tasmanie ; les glaciers du mont Kenya, du Kilimandjaro et du Rwenzori dont il ne reste plus rien ou seulement des traces étaient très étendus. Les montagnes éthiopiennes et la chaîne de l'Atlas comportent aussi des glaciers.Dans l'hémisphère nord de nombreux glaciers fusionnent pour former des glaciers continentaux. L'inlandsis scandinave s'étend jusqu'en Grande-Bretagne. Deux inlandsis couvrent une partie de l'Amérique du Nord. Les glaciers alpins descendent jusqu'à Lyon. Les avancées glaciaires produisent des glaciers continentaux d'une épaisseur de 1 500 à 3 000 mètres. Le volume de glace emprisonné est la cause de la chute du niveau de la mer de 100 m ou plus. Pendant les périodes interglaciaires les côtes noyées par la remontée des eaux sont fréquentes ; cette remontée des eaux est atténuée dans certaines régions par le rebond isostatique du plateau continental.Lors de la dernière période interglaciaire de grands lacs se forment en Amérique du Nord. Le lac Bonneville, qui disparaît par évaporation et dont il ne reste de nos jours que des vestiges, se forme il y a 32 000 ans. Le lac Agassiz, de formation plus récente (13 000 ans), couvre plus de 400 000 km2 et se vide périodiquement vers le golfe du Mexique ou la Baie d'Hudson. Les apports en eau douce froide vers l'Atlantique Nord ont un impact sur le climat européen.Les dépôts continentaux de cette période sont trouvés principalement dans les grottes et le fonds des lacs ainsi que dans les grandes quantités de matériaux déplacés par les glaciers. Les dépôts marins sont localisés dans une zone de quelques dizaines de kilomètres des côtes actuelles. Dans quelques zones géologiques actives comme la côte sud de la Californie, ces dépôts marins peuvent se retrouver à une altitude de plusieurs centaines de mètres.

Les faunes marines et continentales étaient essentiellement modernes.

Les premiers représentants du genre Homo apparaissent au début du Pléistocène (début du Gélasien) et évoluent en petits groupes sociaux d'une dizaine d'individus. Durant le Pléistocène, le genre Homo se diversifie et plusieurs espèces coexistent. À l'exception d’Homo sapiens, les représentants de ce genre disparaissent avant la fin du Paléolithique supérieur. Les déplacements de population durant le Pléistocène sont tributaires des grandes glaciations. Les méthodes de taille simples utilisées pendant l'Oldowayen sont remplacées par des méthodes plus complexes durant l'Acheuléen. La domestication du feu a lieu il y a environ 700 000 ans et est le fait d’Homo erectus - des traces de feu remontant à cette période ont été trouvées dans la grotte de Petralona en Grèce. La domestication du chien pour la chasse, il y a au moins 33 000 ans, facilite la recherche de nourriture par Homo sapiens.

Partout où l'homme se développe de manière significative en zone tempérée de l'hémisphère nord durant le pléistocène, plusieurs espèces de grands mammifères (mégafaune) telles que les mammouths, les mastodontes et les tigres à dents de sabre s'éteignent, disparaissent ou régressent, alors que les grands mammifères ne semblent pas affectés en zone tropicale et équatoriale. Les extinctions ont été plus nombreuses en Amérique du Nord, par exemple, les chevaux et les chameaux ont été éliminés (parmi un nombre d'espèces plus élevé qu'en Europe). Dans tous les cas, ce sont d'abord les grands animaux qui disparaissent, et la chasse par l'Homme semble souvent impliquée.

L'Holocène est un interglaciaire, période chaude qui suit le dernier glaciaire du Pléistocène (dénommé Weichselien en Europe du Nord, Wisconsinien en Amérique du Nord ou Würm dans les Alpes). L'Holocène est la deuxième et dernière époque de la période Quaternaire, et l'un de ses nombreux interglaciaires.

La remontée du niveau des océans (amorcée à la fin du glaciaire à environ -100 mètres avec le début de la fonte des inlandsis de l'hémisphère nord) s'est poursuivie, depuis environ -35 mètres, jusqu'au niveau actuel, atteint il y a environ 6 000 ans. La mer Noire s'est remplie il y a environ 8 000 ans. Les inlandsis finissent conjointement de fondre et les terres situées dessous ou à la marge des anciens inlandsis, libérées du poids de la glace, remontent (isostasie du manteau supérieur). Conjointement au réchauffement, faune et flore tempérées reconquièrent les moyennes et hautes latitudes et les écosystèmes de climats froids sont isolés dans des niches écologiques.

La remontée des eaux permit une transgression temporaire dans les terres en marges des inlandsis. Des fossiles marins peuvent être trouvés dans l'Ontario, le Vermont, le Québec, le Michigan. En dehors des zones de haute latitude où la mer s'est avancée suite à la dépression glaciaire, on trouve ce type de fossiles dans le lit des lacs, les plaines d'inondation, et les dépôts à l'intérieur des cavernes.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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